Benin Football

lundi 7 février 2011

Interview exclusif de Alain Sessegnon (Père de Stéphane Sessegnon)


Alain Sessegnon s'est confié à Kingsley Kobo de goal.com. L'occasion pour lui de revenir sur les problèmes de son fils avec le  et surtout Antoine Kombouaré, son transfert à sundrland mais aussi sur l'enfance du Béninois et ses débuts dans le football.


Vous êtes un professeur de physique-chimie, pourquoi avez-vous autorisé votre fils, Stéphane, à abandonner ses études ?
Alain Sessegnon :
Je ne l'ai pas poussé à arrêter. Il a choisi le football et il était si déterminé que j'ai dû me résoudre à le laisser faire ce qu'il aimait le plus. Stéphane n'était pas un cancre à l'école. Il était brillant dans ses études et dans le football, mais en tant qu'éducateur, j'ai rapidement réalisé que ce garçon avait plus de penchant pour le football parce qu'il passait plus de temps à jouer qu'à étudier ses livres.

Quelle profession vouliez-vous qu'il fasse ? Médecine, comme les parents de Didier Drogba l'espérait pour leur fils ?
A.S. :
Non ! Je voulais que Stéphane étudie la banque et la finance pour devenir un grand banquier de ces institutions financières internationales. Mais quand j'ai réalisé qu'il perdait de l'intérêt pour l'école et qu'il jouait plus au foot, j'ai décidé de lui inculquer plus de discipline. Je l'ai pris dans ma chambre et nous avons dormi dans le même lit durant 4 ans, je pouvais donc le surveiller. Mais un matin, à 4h, Stéphane m'a réveillé et m'a dit :"papa je ne veux plus aller à l'école. Je veux jouer tout le temps au foot. Je veux intégrer un centre de formation." Je lui ai demandé de me montrer le centre qu'il voulait. C'était un petit centre à Cocody (Abidjan). J'ai payé ce qu'il fallait et il a commencé à s'entraîner là-bas. Je l'ai prévenu que je continuerai à surveiller ses progrès et que nous continuerions à dormir dans le même lit. Il a dit ok. Je l'ai réveillé à 5h du matin pour qu'il travaille avant l'entraînement. Il avait 12 ou 13 ans.

Stéphane a quitté la Côte d'Ivoire pour le Bénin parce qu'il ne pourrait se faire une place en équipe nationale. maintenant il est Béninois, comment le ressentez-vous ?
A.S. :
Non, non, non, c'est une fausse information que les médias diffusent ! Stéphane n'a pas été au Bénin parce qu'il n'avait pas de chances de jouer ici (en Côte d'Ivoire, ndlr). Il est né au Bénin, à Allahé. Pendant mes études, nous réalisions des excursions internationales et c'est comme cela que j'ai rencontré sa mère au Bénin. C'était une Ivoirienne qui vivait là-bas. Elle a accouché de Stéphane au Bénin, mais m'a rejoint plus tard, quand il avait 4 ans. Il est retourné au Bénin à 14 ans. Il n'a joué pour aucun club ivoirien ou n'a été sélectionné dans aucune équipe de junior. Il a joué au Cocody Football Club quand il a été sélectionné comme le meilleur joueur d'un tournoi de jeune. Le président du club béninois des Requins de l'Atlantique l'ont pris avec deux autres joueurs pour discuter avec moi. Quand il est parti, j'ai toujours prié pour le voir jouer en Europe un jour.

Maintenant qu'il joue en Europe, quels sont vos sentiments quand vous le voyez jouer et marquer à la TV ?
A.S. :
C'est de l'extase ! Quand son club a un match, j'arrête tout pour m'asseoir à la maison et le regarder. J'ai toujours cette image de lui d'un petit garçon qui courait dehors très tôt, jouait au football et revenait avec des blessures sur tout le corps parce qu'il jouait avec des garçons plus grands. J'essaie de comparer ces scènes avec ce que je vois aujourd'hui à la TV.

Stéphane a récemment connu quelques problèmes au PSG. Vous a-t-il appelé pour vous demander des conseils ou l'avez-vous appelé pour le réconforter ?
A.S. :
Stéphane m'appelle toujours quand il rencontre des problèmes dans sa carrière et je lui donne toujours des conseils auxquels il fait très attention. Il a eu le même problème quand il a voulu quitter le Mans pour le PSG. Il m'a appelé et j'ai prié fort. finalement, je lui ai dit "Fils, ne t'inquiète pas, tu quitteras le PSG dans une semaine" et c'est arrivé. Maintenant, Stéphane m'a dit que son coach, Antoine Kombouaré, l'avait sévèrement insulté durant un entraînement. Je connais mon fils, c'est un garçon respectueux, mais ne vous attaquez pas à sa fierté...

Je sens que Kombouaré a utilisé des mots heurtants et c'est pour ça que Stéphane a lâché. Vous devez savoir quel type de personne est le coach pour le juger. C'est un coach qui obtient toujours des cartons jaunes et rouges sur le banc. Cela peut expliquer sa nature et son tempérament et jusqu'où il a pu aller avec mon fils dans les vestiaires. Quoiqu'il en soit, j'ai dit à Stéphane de retourner à l'entraînement après ses 18 jours de boycott parce que pour moi, cela démontrait du respect. Mais il continuait à me dire :"Papa, je ne veux plus jouer pour le PSG. Je veux partir." Je lui ai dit qu'il quitterait le club une semaine après son retour à l'entraînement et il a obéi. Je suis aller à l'église pour prier fort.  J'ai ensuite parlé avec l'agent de Stéphane, mais quand j'ai appelé le président du PSG, Robin Leproux, il ne m'a pas pris. J'ai laissé un message l'implorant de ne pas le frustrer un peu plus. Stéphane a continué à m'appeler quand le mercato se terminait. Je lui ai dit de se détendre, que ses joueurs au PSG étaient comptés. Exactement une semaine plus tard, j'ai vu la nouvelle qu'il avait signé pour Sunderland.
                                                                                          

"Kombouaré a dû le heurter"

Mais pourquoi l'Angleterre ? Aucune autre offre de France n'est venue ?
A.S. :
Non, aucune. Lui et moi étions d'accord que le prochain transfert devait être en Premier League. il me consulte tout le temps et nous faisons des projets ensemble.

Pensez-vous que sa présence aidera le club et apportera quelque chose de nouveau au championnat ?
A.S. :
Pourquoi pas ? Stéphane est un garçon très talentueux. On le comparait bien à Diego Maradona.

Dans une récente interview, Antoine Kombouaré a considéré le comportement de votre fils comme extrêmement grave. Est-ce la véritable image de votre fils ?
A.S. :
Non, Stéphane et très respectueux. J'ai utilisé la discipline pour l'élever. Imaginez, quand il vient en vacances, il dort toujours dans le même lit que moi. Il respecte les plus âgés. Quand il était jeune et qu'il a commencé à fumer, je l'ai arrêté et l'ai averti qu'il détruirait sa future carrière. Il ne l'a jamais refait. Kombouaré a dit quelque chose qui a heurté ce garçon, ce qui a abouti à cette querelle. Stéphane ne m'a jamais expliqué les choses en détails.

De quoi discutez-vous le plus sur sa carrière ?
A.S. :
Je dois être honnête avec vous. Stéphane me contacte souvent seulement quand il a des problèmes. Quand la route est tranquille, il ne m'ennuie pas.

Mais est-ce une bonne attitude pour un fils ?
A.S. :
Et bien (il grimace), je ne sais pas, mais c'est lui. Quand tout va bien, je ne m'en occupe pas beaucoup, mais quand c'est difficile, il m'appelle tout le temps. Quoiqu'il arrive, je continuerai de prier pour lui. Notre groupe de prière prie toujours pour lui.

Votre fils est riche... vous devriez l'être également.
A.S. :
Quoi ? Vous pouvez le voir de vous-mêmes, est-ce le domicile d'un homme riche ? Suis-je venu vous chercher en voiture ? Je n'ai même pas une maison à moi.

Pourquoi ?
A.S. :
Quand vous le verrez, vous lui demanderez.

Avez-vous d'autres fils qui sont aussi talentueux et espère devenir footballeur professionnel ?
A.S. :
Il y en a beaucoup. Mes neveux et cousins. Vous pouvez venir, les observer et les amener.

Que diriez-vous aux parents qui empêchent leurs enfant de jouer au football ?
A.S. :
Les études ne représentent pas la seule route du succès. Si l'enfant a des aptitudes, laissez-lui une chance d'essayer !


Interview réalisée par Kingsley Kobo
Source: goal.com
Jérome AGUE

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